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     Guy Thomas

Un poète
C'est un enfant sauvage
C'est l'idiot du village
C'est gauche et maladroit
Ca veut pas filer droit
C'est la bête insolite
Qui tremble et qui palpite
C'est lui l'iguanodon 
     De la récréation !
 ”

(Un poète, p.13, in recueil
     Je ne suis qu'un cri)

          Le trublion des lettres
Plonger dans ses poèmes, c'est prendre un bon bain d'anti-conformisme… Rien de plus vital par ces jours de pensée unique. Guy Thomas est le chantre du poétiquement incorrect. Comme il le dit lui-même :
                                                    "J'ai l'air d'un bon citoyen
                                                    J'ai tout du Français moyen
                                                    Pourtant je suis le contraire
                                                    Du Français réglementaire
                                                    Je suis un Monsieur Durand
                                                    Pas conforme au plan courant !"

                                                                    
(Guérilla, ibid p.43)
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"Quand le 2 novembre 1985, à 20h30, le chanteur Jean Ferrat, après 5 ans d'absence, fait sa réapparition sur Antenne 2 en compagnie de Bernard Pivot pour présenter aux téléspectateurs son nouvel album, bien peu nombreux sont ceux qui connaissent l'auteur de ses quatorze nouvelles chansons.
Et pourtant, fait exceptionnel, les quatorze textes de ce nouveau disque, " Je ne suis qu'un cri " sont tous signés par Guy Thomas.
Non il ne s'agit pas du journaliste, Jean Ferrat le dira lui-même, ni de l'auteur-compositeur, mais d'un petit professeur de Français à Champagnole, dans le Jura, dont il a fait connaître déjà plusieurs textes.
Pour le spécialiste pourtant, Guy Thomas n'est pas un inconnu. Né en 1934 en Belgique, d'un père bourguignon et d'une mère wallonne, il publie dès son adolescence, encouragé par son professeur de lettres classiques, à qui il doit beaucoup, ses premières " goualantes " dans diverses revues poétiques, ce qui lui vaut d'être remarqué par des personnalités aussi différentes que Léo Ferré, François Mauriac, Georges Brassens et Jean Rostand.
En 1960, il commence à collaborer à différents journaux, rencontre François Cavanna et il collabore régulièrement à Hara-Kiri et Charlie-Hebdo.
L'auteur des Ritals écrira d'ailleurs de lui dans son ouvrage Bête et Méchant : " Guy Thomas, de sa province, nous envoyait des poèmes enragés sur des rythmes de java vache ".
En 1969, c'est enfin la publication du premier livre " Vers boiteux pour un aveugle " et " Le petit trou pas cher ". En 1975, c'est le bruit des bottes ", " Le singe ", " Berceuse pour un petit Loupiot ". Plus tard encore " Le chef de gare est amoureux ". D'autres interprètes comme Isabelle Aubret, Francesca Solleville, Jean-Marie Vivier interpréteront Guy Thomas qui continuera à publier pourtant " ses petits bouquins sulfureux " : en 1976, c'est " Voyez comme on danse ", en 1978 " Les aventures du poète Gugusse ", en 1985 " Goualantes du pierrot bossu qui n'y voit que d'un œil".
La même année Jean Ferrat descendra de sa montagne pour lui consacrer un album complet intitulé " Je ne suis qu'un cri " ; quatorze texte dont il a écrit la musique. Le disque sort aux Editions Gérard Meys, et il obtient en quelques jours deux disques d'or et un disque platine.
Depuis, Guy Thomas, réfugié dans son petit village de Pillemoine à côté de Champagnole dans le Jura, continue à écrire (" Amazonie " par exemple pour Isabelle Aubret, et " Aquarelles " pour James Ollivier, devenue la chanson officielle pour le Salon de l'Environnement " à Bruxelles).

 

                      Jean Ferrat - Je ne suis qu'un cri -
               disponible sur fnac.com en K7 audio (cliquez ici)
                                  en coffret CD (cliquez ici)
                            POINTS DE VUE
POESCOPIE
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  Pour mieux connaître Guy Thomas, peut-être est-il préférable de laisser parler ses poèmes pour lui. Voici une sélection de textes, une sorte de " poéscopie " d'un anar rêveur, qui joue de la rime pour batailler l'injustice, qui lance des " goualantes au vitriol " en suivant le fil des trapézistes de son enfance. Un équilibriste du cœur, qui surplombe un monde trop cartésien pour être vivable, un poète comme l'ami Pierrot qui a mal à sa jeunesse et "l'épouvante à fleur de peau".

Tout petit déjà, sa vocation du poète anar naquit très tôt sur les bancs de l'école :

       " Bon à rien disait Capable
          Le professeur de maintien
          Il ne fout strictement rien
          Que voler de table en table
          Ca devient insupportable !
          Il se cogne à mon pupitre
          Il se colle après les vitres
          Il divertit mes grillons !


             Bon à rien ! le papillon "
                  (Le papillon)
  

Ses déboires de cancre modèle,
" cancre en arithmétique " comme il le dit lui-même,
le brouilleront plus tard définitivement avec les chiffres :


          " Je sais pas garder mon pognon
             Je sais pas compter mes espèces
             Je comprends pas votre jargon
             Je sais pas lire un tiroir-caisse !
             Que veut dire modération
             Et que veut dire économie ?
             Je suis le prince des couillons
            Le champion de l'académie ! "

               (" J'aime pas qu'on compte ")

Ses centres d'intérêts ne sont pas du domaine de l'arithmétique. Sa curiosité il la place ailleurs :


 

" Je fais des plants sur la comète
En écoutant Sydney Bechet

" Ce soir j'attends de la visite
Elle devrait marcher plus vite
Y'a tant d'amour à découvrir
Tant de parois à démolir
Tant de folies tant d'aventures
Tant de secrets tant de serrures
Il nous reste si peu de temps
L'amour n'est pas ce qu'on prétend "

          (5ème étage blues)
 



Dessin de
Pierre Duc©
(extrait du
coffret "Quand
le bonheur est
une orange"


Guy Thomas : un rêveur perdu dans un monde de ratiocineurs de tous poils, de coupeurs de cheveux en quatre… Bien au-delà de E=MC2 et des problèmes de métaphysique, être ou ne pas être et tutti quanti, voilà son credo :

 



Dessin de Pierre Duc©
(extrait du coffret
"Quand le bonheur est une orange"

" Je sais que tous les grands
Ecrivains se tourmentent
De ce qui nous attend
Dans la chapelle ardente
Que c'est assez troublant
Pour qu'on s'en épouvante
Or moi ce n'est vraiment
Pas cela qui me hante

Il serait temps pour moi
Si je veux qu'on m'écoute
D'imaginer parfois
Ce que chacun redoute
De dire en quoi je crois
De dire en quoi je doute
Et ce que j'aperçois
Tout au bout de la route

J'en suis vraiment confus
Mais quand la nuit rapplique
Quand je suis étendu
Rêveur et pacifique
Je ne suis pas perdu
Dans la métaphysique
Moi je pense à ton cul
Dans un monde érotique ".

(" Les moments perdus ")

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LES AFGHANS

Au lieu d'porter des casquettes
importées du Michigan
ils ont de drôl'de galettes
ils ont de drôl de turbans

les Afghans !

Sans jamais crier famine
ils font de longs ramadans
ils ne mang' que des racines
ils ne sont pas corpulents

les Afghans !

Ils ne sont jamais pompettes
et comme ils n'ont pas d'argent
ils dorment sur des carpettes
dans des repair's de brigands

les Afghans !

Ils ne sont ni catholiques
ni mormons ni protestants
et sont bien plus bordéliques
que sincèrement musulmans

les Afghans !

D'un naturel lunatique
ils ont un petit penchant
tantôt pour les Soviétiques
tantôt pour les Talibans

les Afghans !

Ouzbeks, Patchouns et Tadjiks
descendant de Gengis Khan
aujourd'hui c'est l'Amérique
qui vient les mettre au courant

les Afghans !

Comme ils ont manqué lécole
faut leur expliquer longtemps.
bien qu'ils n'aient plus la rougeole
ce sont des mal-comprenants

les Afghans !

  © Guy Thomas - 24.11.01

KYRIE ELEISON

Tout le monde est à l'appel
Quand c'est le soir de Noël
C'est plein de jolies musiques
Dans vos cornets acoustiques
On entend comme il se doit
La musette et le hautbois
Ce n'est pas la Marseillaise
Qu'on joue pour vos portugaises
C'est la Valse des Bouchons
Sur les huîtres d'Arcachon

Mais moi je n'entends personne
            Kyrie eleison !

Le décor est si joli
Qu'on a les yeux ébouis
On voit sortir des flammèches
Du p'tit Jésus dans la crèche
Et tout en haut du sapin
La grande étoile en mass'pain
Le Père'Noël de sa hotte
Fait tomber des papillotes
Et pleuvoir des macarons
Au-dessus d'la dinde aux marrons

Mais moi je n'entends personne
            Kyrie eleison !

C'est vrai que devant tout ça
Je n'ai pas les yeux d'Elsa
A l'opposé de Mireille
Je n'ai pas beaucoup d'oreille
D'ailleurs je ne suis qu'un mot
Un mot de vilain marmot
Je n'ai pas plus de cinq lettres
Et grâce à vos pifomètres
Vous devinez qui je suis
Sans qu'on vous fasse un croquis

Je suis le mot de Cambronne
            Kyrie eleison !

     (Goualantes sataniques)

© Guy Thomas - 2000

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